Au cours des échanges les apprenants ont été édifiés sur le fait que les biopesticides qu’ils fabriquent localement leur permettraient d’économiser de l’argent en utilisant parfois moins de quantité de produits que dans le cas des pesticides chimiques. Ce module s’inscrit dans le cadre de la formation en techniques modernes des agriculteurs dans la commune de Hamdallaye.
A l’heure où les pesticides chimiques sont mis sur le banc des accusés, les biopesticides sont une alternative prometteuse, notamment pour les agriculteurs ruraux qui peinent encore à trouver des produits de qualité. Même si leur utilisation est encore limitée au Niger, on observe ces dernières années un engouement de la part des agriculteurs.
La formation financée par l’ONG Good Neighbors Niger vise à former les agriculteurs sur les méthodes alternatives de lutte contre les ennemis de culture, notamment la production et l’application de biopesticides à base de plantes comme le neem, le piment, l’ail ou le tabac dans sa zone d’intervention.
Enfin, des exemples d’autres moyens alternatifs de lutte, en particulier le recours aux ennemis naturels ont été évoqués lors de la formation.
Formateur: Salifou Aminou, Plant Protection Specialist – Bioengineering and Agribusiness Consulting
Quelques plantes à vertu pesticides
Au cours de la formation, les agriculteurs ont été édifiés sur le fait qu’ils peuvent combattre efficacement et de manière durable, les nuisibles dans leurs champs à partir des plantes présentes dans leur environnement naturel. Des recettes leur permettant de fabriquer et d’appliquer par eux-mêmes des biopesticides leur ont été données.
Parmi ces plantes on trouve le neem, le piment, l’ail, le tabac. Divers organes de ces plantes peuvent être utilisés pour la préparation des biopesticides, en particulier les feuilles, les graines, les fruits ou les bulbes. Des exemples pratiques de préparation d’huiles et d’extraits aqueux à base de ces plantes ont été donnés par le formateur.
Tableau 1 : Quelques plantes à vertus pesticides présentes au Niger
Plante | Partie utilisée | Type d’extrait | Ennemis de culture cibles |
Neem | Feuilles | Poudre | Meloidogyne spp., Sclerotium rolfsii |
Aqueux | Piqueur-suceur (pucerons, mouche blanche, thrips), chenilles (noctuelle de la tomate, teigne et foreur de chou) | ||
Graines | Huile | Piqueur-suceurs (puceron, mouche blanche, thrips), chenilles (noctuelle de la tomate, teigne et foreur de chou) | |
Aqueux | Piqueur-suceurs (puceron, mouche blanche, thrips), chenilles (noctuelle de la tomate, teigne et foreur de chou) | ||
Piment | Fruits | Aqueux | Piqueur-suceurs (puceron, mouche blanche, cicadelle, thrips), chenilles (noctuelle de la tomate, teigne et foreur de chou) |
Ail | Bulbes | Aqueux | Piqueur-suceurs |
Tabac | Feuilles | Aqueux | Piqueur-suceurs, chenilles |
Jatropha curcas L. | Feuilles | Aqueux | Mouche blanche, noctuelle de la tomate |
Calotropis procera Aiton | Feuilles | Aqueux | Meloidogyne incognita |
Ricin | Feuilles | Aqueux | Alternaria solani |
Ocimum gratissimum L. | Feuilles | Huile essentielle | Fusarium oxysporum, Pythium sp. |
Parkia biglobosa Jacq. | Feuilles | Aqueux | Meloidogyne incognita |
Sources : Extrait de « Plantes utilisées pour le contrôle des champignons, nématodes et arthropodes des cultures maraîchères en Afrique de l’Ouest : caractéristiques et propriétés » (Boni et al., 2017).
Utilisation d’ennemis naturels
Dans leur environnement, tous les nuisibles ont des ennemis naturels (ou auxiliaires) qui les combattent, souvent efficacement. Un ennemi naturel est un organisme utilisé comme agent de lutte pour combattre les insectes, acariens, bactéries, champignons, nématodes, mauvaises herbes.
La sensibilisation des agriculteurs sur la présence et l’identification des auxiliaires dans et au autour de leur exploitation a été évoquer. Malgré que ce volet ne soit pas encore très développé au Niger, un accent a été mis sur la nécessité de favoriser l’installation des auxiliaires telles que :
- les syrphes, les coccinelles ou les chrysopes contre les piqueur-suceurs (pucerons) ;
- les punaises et les hyménoptères (guêpes) contre les lépidoptères, les diptères ou la mouche blanche ;
- les araignées ou des espèces d’acariens prédateurs (comme les Phytoseiidae) contre les insectes ou d’autres acariens ;
En outre, un accent a été mis sur l’utilisation de Habrobracon hebetor, une petite guêpe parasitoïde utilisée dans la lutte contre la mineuse de l’épi de mil en milieu paysan. D’ores et déjà, des résultats très encourageants ont été obtenus et la technologie est en train d’être vulgarisée à grande échelle dans les villages au Niger.
A ce sujet, les pesticides contenant les néonicotinoïdes (Acétamipride, Imidaclopride, Thiaméthoxame, Thiaclopride, Clothianidine, etc.) devrait être proscrits.
Evaluation des apprenants
L’exposé motivé par des échanges entre apprenants et formateurs a permis aux agriculteurs de comprendre comment préparer les biopesticides à partir des plantes disponibles dans leurs villages.
Le module de formation a fourni aux apprenants les éléments pour :
- Connaître les plantes à vertus pesticides dans leurs localités ;
- Être capables de préparer et d’appliquer des biopesticides ;
- Identifier et préserver les auxiliaires dans leurs exploitations ;
- Intégration des techniques apprises dans un programme de lutte intégrée;
- Les moments propices d’application des biopesticides ;
- Être capables de s’approprier des techniques et servir de relais dans leurs villages.
Ce qu’il faut retenir
- Public cible : plus de 1100 agriculteurs dans la commune de Hamadallaye ;
- Les biopesticides sont appliqués tôt le matin et/ou tard la nuit ;
- Eviter d’appliquer les biopesticides entre 8 heure et 19 heure ;
- Ne pas appliquer les produits à base d’extraits de tabac sur les solanacées (tomate, piment, poivron, pomme de terre, etc. ;
- Avec les biopesticides j’utilise la même ou parfois moins de bouillie que dans le cas des pesticides chimiques ;
- Privilégier l’emploi des biopesticides à celui des pesticides chimiques ;
- Les biopesticides doivent être appliqués en début d’attaques puis évaluer les résultats avant d’appliquer les autres méthodes.
Good Neighbors Niger (GNNER) est une ONG Sud-Coréenne qui opère au Niger depuis 2013. Ces activités sont focalisées sur la protection de l’enfant et le développement communautaire dans divers secteurs, notamment celui du développement rural. L’agriculture étant le secteur le plus important au Niger, l’ONG GNNER intervient dans le renforcement des capacités des agriculteurs pour l’amélioration leur revenu et leur résilience.
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