Ce module de formation s’inscrit dans le cadre de la formation en techniques modernes des agriculteurs dans la commune de Hamdallaye. Au cours des différentes séances les apprenants ont été édifiés sur le fait qu’ils peuvent économiser jusqu’à 11 520 FCFA par hectare en appliquant le microdosage.
Du 07 au 11 juin 2019, une équipe du cabinet Bioengineering and Agribusiness Consulting (BAC) a été mandatée par l’ONG Good Neighbors Niger (GNNER) pour la formation des agriculteurs dans sa zone d’intervention. La formation vise à renforcer les capacités des agriculteurs en techniques modernes de production agricole, à savoir l’utilisation rationnelle des engrais ; les méthodes alternatives de lutte contre les ennemis de cultures et la formation des brigadiers phytosanitaires.
La formation est destinée à 99 producteurs répartis dans 11 villages de la commune de Hamadallaye département de Kollo. Une fois formés, ces bénéficiaires serviront de relais pour plus de 1100 agriculteurs dans leurs villages.
Formateur: Dr. Illa Salifou, Chercheur à l’Institut des Radio-Isotopes (IRI) – Université Abdou Moumouni
Formation en techniques de microdosage d’engrais
Lors la formation en microdosage, la technique utilisée est l’exposé –débats en langue locale (Zarma). Cette approche participative soutenue par des exercices pratiques de terrain a suscité un fort engouement auprès des agriculteurs qui ont beaucoup réagi en posant des questions aux formateurs.
A la fin de la formation, une évaluation en lien avec les objectifs pédagogiques a été faite afin de mesurer le niveau de compréhension des apprenants.
La fertilisation localisée au semis ou microdoses
Le microdosage ou la fertilisation localisée au semis des cultures consiste à mettre, au moment du semis, de petites quantités d’engrais minéraux appropriés dans les trous de semis (ou poquets) d’une culture. Cette technique peu onéreuse est particulièrement adaptée aux cultures du mil et du sorgho.
C’est une alternative à l’épandage d’engrais à la volée, une technique onéreuse et potentiellement nocive pour l’environnement.
Quelques éléments de la formations
Quantités à appliquer selon le type d’engrais disponible au Niger
Au cours de la formation, les agriculteurs ont été d’abord édifiés sur les besoins des cultures en éléments minéraux. Dans sa présentation, le formateur, Dr Illa Salifou a souligné que les plantes (selon les espèces) ont besoin de plusieurs éléments, notamment les éléments minéraux de base : Azote (A), Phosphore (P) et Potassium (K) qu’il faut apporter via les engrais.
Les agriculteurs ont également été édifiés sur le fait que l’élément le plus important pour leur culture est d’abord le phosphore, l’apport d’azote est surtout utile au stade montaison. Pour ce qui est du potassium, les sols nigériens en contiennent suffisamment, seuls les féculents (pomme de terre, patate douce, etc.) exigent un apport extérieur de l’élément.
Pour le cas du mil, les besoins en phosphore sont de 9 kg par hectare. Comme le phosphore est limité dans le sol, un apport localisé d’engrais permet de couvrir le gap.
Les 9 kg de phosphore peuvent être apportés en raison de :
- 2 g de DAP par poquet;
- 6 g d’engrais NPK 15-15-15 par poquet.
Tableau 2 : Besoins de la culture de mil et du sorgho en élément nutritif (phosphore)
Type de fumure | Quantité du fertilisant | Quantité kg/ha (10 000 poquets)* | Période/stade de végétation | ||
Fumure de fond | Apport | Type de fumure | Quantité par poquet (g) | ||
Fumure minérale | DAP | 2 | 20 | Semis | |
Fumure minérale | NPK | 6 | 60 | Semis | |
Fumure d’entretien | Fumure minérale | Urée | 1 | 10 | Montaison |
*Ces quantités sont apportées pour une densité de 10 000 poquets/ha.
Un apport en fumure organique sous forme de compost ou de fumier est vivement recommandé au moment du semis.
Une pincée de trois doigts correspond à :
- 2 à 3 g pour DAP et NPK ;
- 1 g pour l’urée.
Un bouchon d’une boite de sucrerie (Braniger) est égal à 3 g de DAP ou de NPK.
Evaluation des apprenants
L’exposé motivé par des échanges entre apprenants et formateurs a permis aux agriculteurs de :
- Connaître les besoin en éléments minéraux de leurs cultures ;
- Être capable d’opérer le choix des engrais présents sur le marché nigérien ;
- Les moments propices d’application des fertilisants ;
- Les quantités requises pour chaque application ;
- Être capable de s’approprier des techniques apprises et servir de relais dans leurs villages respectifs.
Considérations économique
Au cours de la formation, les avantages économiques du microdosage ont également été évoqués. Ainsi, le formateur a montré que la technique permet de démultiplier par 2 leur rendement ainsi que faire des économies d’argent de 11 520 FCFA par hectare en utilisant le DAP.
En outre, l’application de la fumure devrait tenir compte de la spéciation. Ainsi, des cultures comme le mil ou le sorgho n’ont pas besoin de potassium pour leur croissance vu que les sols nigériens en contiennent suffisamment. Au contraire, le formateur a souligné la nécessité d’apporter cet élément pour le cas les féculents.
Ce qu’il faut retenir
- Public cible : plus 1100 agriculteurs dans la commune de Hamadallaye ;
- Le phosphore est l’élément le plus important pour les sols nigériens ;
- L’apport de DAP est beaucoup plus bénéfique que celui de NPK: l’agriculteur réalise des économies de 11 520 FCFA/ha en utilisant de DAP au lieu de NPK ;
- L’apport en potassium n’est utile que pour les féculents ;
- Microdosage à appliquer dès qu’il pleut au moins 20 mm de pluie ;
- Le microdosage se fait au moment du semis mais il peut également être appliqué même après le semis ;
- Mettre les graines d’un côté et l’engrais de l’autre côté ;
- Un apport en fumure organique dans les poquets est vivement recommandé.
Good Neighbors Niger (GNNER) est une ONG Sud-Coréenne qui opère au Niger depuis 2013. Ces activités sont focalisées sur la protection de l’enfant et le développement communautaire dans divers secteurs, notamment celui du développement rural. L’agriculture étant le secteur le plus important au Niger, l’ONG GNNER intervient dans le renforcement des capacités des agriculteurs pour l’amélioration leur revenu et leur résilience.