L’interaction entre les insectes et leurs ennemis naturels (ou auxiliaires) est un processus fondamental qui contribue à la régulation des populations des insectes. Dans le cas où cette interaction est perturbée ou interrompu, on assiste à une pullulation spontanée des populations d’ennemis des cultures et avec le temps, une explosion de ceux-ci. L’explosion des ennemis des cultures peut intervenir en cas d’introduction d’un organisme exotique invasif dans une nouvelle zone géographique sans ses ennemis naturels ou lorsque les insecticides utilisés auraient détruits ces auxiliaires. Par exemple, un ravageur peut devenir un ennemi de culture en cas de modification de l’habitat en sa faveur (cas de la monoculture ou de la destruction de l’habitat de l’auxiliaire).
L’utilisation des auxiliaires dans le cadre de la lutte contre les ennemis des cultures est principalement liée à l’établissement de l’équilibre entre les protagonistes ou par la réintroduction d’ennemis naturels dans l’écosystème. On peut procéder à la création des conditions favorables développement des ennemis naturels.
Quelques définitions utiles
La lutte biologique ou biocontrôle : c’est l’utilisation de substances d’origine biologique ou d’ennemis naturels tels que les prédateurs, les parasitoïdes ou les agents pathogènes pour contrôler les populations d’espèces nuisibles et les maintenir en dessous du seuil de nuisibilité. Dans leur environnement, tous les ennemis des cultures ou bioagresseurs ont des auxiliaires qui les combattent efficacement.
Un ennemi naturel appelé aussi auxiliaire est un organisme utilisé comme agent de lutte pour combattre les insectes, acariens, bactéries, champignons, nématodes, mauvaises herbes ou animaux.
Un ennemi de culture est un organisme qui entre en conflit avec notre profit ou notre santé. Ces organismes sont notamment: les ravageurs (insecte, acariens), les agents phytopathogènes (virus, bactéries, champignons) ou les mauvaises herbes. Le concept d’ennemi de culture intègre la notion de « gestion rationnelle des nuisibles ». Ainsi, une espèce ne peut pas être considérer comme ennemi de culture que si elle atteint un niveau important pour affecter ces ennemis naturelss.
La lutte biologique implique également l’utilisation des substances d’origine biologique obtenues à partir d’extraits de bactérie, de virus, de champignon ou de plante. C’est le cas au Niger, de l’utilisation de l’huile de neem qui est probablement le produit le plus utilisé par les producteur ruraux. La matière active (l’équivalent du principe actif dans les produits médicaux) de l’huile de neem est l’azadirachtine.
Les différentes catégories de lutte biologique
Il existe 3 principales catégories de lutte intégrée : la lutte biologique classique, la lutte biologique par conservation et la lutte biologique autocide.
La lutte biologique classique
Appelée souvent lutte biologique par inoculation/inondation, la lutte biologique classique vise à réaliser des lâchés d’agents entomophagène (qui mange les insectes) ou acarophages (qui se nourrit d’acariens) contre un ravageurs déjà présent ou nouvellement introduit dans une région du monde.
Plusieurs auxiliaires sont aujourd’hui élevés et commercialisés à travers le monde. Il faut noter que ces produits sont souvent très chers et donc pas du tout accessibles aux producteurs ruraux qui vivent dans beaucoup de pays en développent. La promotion de la lutte biologique dans ces pays doit passer par le développement des techniques visant à favoriser l’activité des ennemis naturels dans leur environnement ou à réduire l’utilisation des pesticides chimiques toxiques (comme les néonicotinoïdes) aux espèces non cibles notamment les abeilles. Des lâchés peuvent également être appliqués dans les champs, comme c’est le cas de Habrabracon hebetor, un parasitoïde de la chenille mineuse de l’épi de mil (Heliocheilus albipunctuella) au Niger.
Lutte biologique par conservation
La lutte biologique par conservation vise à faciliter la multiplication spontanée d’auxiliaires en aménageant judicieusement leur environnement.
Il faut noter que, la plupart des insecticides chimiques utilisés contre les ennemis des cultures se sont révélés toxiques pour ses auxiliaires. Ainsi, pour favoriser et maintenir la présence des auxiliaires dans ou à côté des champs afin de garantir leur efficacité, il est possible de :
- diversifier la végétation le long des bordures des champs ;
- aménager des bandes fleuries dans les parcelles cultivées permettant de créer un réservoir d’insectes auxiliaires ;
- établir des zones refuges pour favoriser un échange faunique entre les auxiliaires et les zones de culture ;
- favoriser la lutte chimique raisonnée pour éviter toute rencontre spatiotemporelle entre le toxique et les auxiliaires ou par utilisation des matières agrophamaceutiques homologuées, épargnant les auxiliaires.
La lutte biologique autocide
Cette méthode consiste à réaliser des lâchages de ravageurs (généralement des mâles) dont la capacité de reproduction a été détruite par exposition à des rayonnements ionisants.
L’objectif visé, est de réduire la prolifération des ravageurs en rendant infructueux les accouplements. Au court de cette cette méthode, le comportement sexuel des mâles (appelés aussi mâles stériles) restent intact.
Malgré la subtilité de cette méthode de lutte, celle-ci reste applicable à de très rares cas comme la lutte contre la mouche du melon (Dacus cucurbitae), ou le moustique.